L’herbe qui tremble

Rencontre littéraire
Deux poètes de L’herbe qui tremble présenteront leurs nouveaux livres

BÉATRICE MARCHAL
présentera en avant-première
Salomé, ma salamandre

JEAN-LOUIS RAMBOUR
sera présent avec deux livres :
Y trouver la fièvre
La bonne volonté de vivre

Samedi 3 février 2024 à 15 heures – entrée libre
Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation recommandée : 01 42 58 72 89

En présence des auteurs et de l’éditeur Thierry Chauveau

 

 

 

 

 

 

BÉATRICE MARCHAL
Salomé, ma salamandre
« En découvrant la mise au tombeau de Chaource, sculpture réalisée par le Maître de Chaource, la poète s’est attachée à la figure de Salomé : « …selon l’invariable composition d’une Mise au tombeau en ce début du XVIe siècle, il ne peut s’agir que de Marie Salomé, femme de Zébédée et mère de Jacques et Jean – pourtant quel rapport entre cette femme mûre, si l’on en croit la tradition biblique, et cette discrète figure dont la fraîcheur est celle de la prime jeunesse ? Choc d’une rencontre à la mesure de la beauté et du sens réunis – mais quel sens ? Qui est-elle, cette jeune fille, avec son visage ovale et plat, ses traits d’une exquise délicatesse[…], cette Salomé, pour que le sculpteur,
en la plaçant pour ainsi dire au centre, ait tacitement indiqué l’importance qu’elle avait à ses yeux? »

JEAN-LOUIS RAMBOUR
Y trouver la fièvre dont  Pierre  Tréfois, s’exclame : « Nous  qui suivons Jean-Louis Rambour pas à pas, vers à vers, en lecteurs happy few (et flattés par ce statut), sommes cette fois encore contaminés, embrasés, « les yeux gorgés de blanc », par cette fièvre de voir, sentir, vibrer, d’être éternellement / étonnamment séduits … »

La bonne volonté de vivre réunit 28 poèmes sur le thème du passeur : « Chaque homme a son passeur, depuis l’enfant/sans aucun prélude, jusqu’au vieillard qui fête/ vertement le centenaire de sa puberté,/ en passant par le jeune homme dont la parenthèse/ se ferme tôt. Il existe donc un fleuve, une rive.»

 

 

Rencontres en Surréalisme

Rencontres organisées par Françoise Py
Dans le cadre de l’APRES (Association pour la Recherche et l’Étude du surréalisme).

Halle Saint Pierre – à l’auditorium à 15h
Entrée libre – Réservation conseillée : 01 42 58 72 89


Samedi 25 mai 2024, 15h.
Christian Dotremont : du Manifeste au poème
Conférence par Pierre Taminiaux.
Débat avec le conférencier et Jean-Clarence Lambert.

CHRISTIAN-DOTREMONT+
Présentation du livre d’Alexandre Castant :
Mandiargues et le cinéma
Quidam éditeur, 2024.

Couverture du livre Mandiargues et le cinéma par Alexandre Castant

 

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Christian Dotremont
L’artiste belge Christian Dotremont était surtout un grand poète, mais aussi peintre, et connu pour ses logogrammes.

Après avoir fondé le groupe Surréalisme Révolutionnaire en 1947, Christian Dotremont crée le groupe CoBrA le 8 novembre 1948 avec Karel Appel, Constant, Corneille, A. Jorn et Joseph Noiret. Il en écrit également le manifeste : « La cause était entendue ». Bruxelles et Amsterdam, pour former le nom « CoBrA ».

Christian Dotremont a été l’un des premiers poètes à élever l’écriture au rang d’art plastique, avec les « peintures-mots » (calligrammes).

Ses logogrammes sont des poèmes peints à l’encre de chine. Ce sont des poèmes à regarder. Une véritable poésie graphique à travers laquelle l’artiste s’exprime et qui vise plus à être vue que lue. L’écriture et la peinture fusionnent dans une nouvelle création.

En 1951, Christian Dotremont rencontre la danoise Bente, qui deviendra plus tard la célèbre Gloria. C’est le début d’une histoire d’amour étonnante, qui le poursuivra pendant vingt-huit ans, et qui n’a jamais été complètement réciproque. Ils entretiennent une correspondance, mais c’est en 1977 qu’il revoit Bente pour la première fois depuis 1960.

Elle devient sa « Logogloria » et sa passion pour Gloria inspire presque tous ses poèmes.

 

« Mandiargues et le cinéma »  Alexandre Castant

Description de l’ouvrage :
À sept reprises, des romans d’André Pieyre de Mandiargues furent adaptés au cinéma, notamment par Walerian Borowczyk, Jacqueline Audry ou Jack Cardiff. Presqu’autant de fois, ses récits feront l’objet de projets inaboutis et impossibles, à l’instar de l’adaptation du Lis de mer envisagée par Michelangelo Antonioni ou de La Motocyclette souhaitée par Nelly Kaplan.

Est-ce la poétique visuelle de Mandiargues qui séduisit, de façon magnétique, les cinéastes ? Son œuvre entière n’est-elle pas, secrètement, l’exploration d’un monde sonore ?

Une esthétique du cinéma traverse ainsi les romans de Mandiargues et leurs adaptations pour dessiner finalement les contours d’un archipel audiovisuel où se rencontrent l’imaginaire, la plasticité des images et des sons, les films invisibles et leur utopie.Essayiste, critique d’art et professeur à l’École nationale supérieure d’art de Bourges, Alexandre Castant a publié Esthétique de l’image, fictions d’André Pieyre de Mandiargues (Publications de la Sorbonne, 2001) et Visions de Mandiargues – Modernité, avant-garde, expériences (en collaloration avec Iwona Tokarska-Castant, Filigranes, 2020).

 

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A VENIR :
Dimanche 9 juin 2024, 15h
Sortie du numéro de Mélusine numérique consacré à Alain Jouffroy et à Jean-Clarence Lambert. Numéro dirigé par Françoise Py.
Lectures par Charles Gonzales d’Un jour qu’il faisait nuit, recueil de poèmes de Françoise Py en hommage à Robert Desnos.

Samedi 22 juin 2024, 15h.
Les animaux malades de l’humain : réflexions à partir de la peinture de Richard Conte. Danse avec les bêtes : petit essai d’auto-poïétique par Richard Conte.
L’amitié de l’homme et de la bête par Claire Margat.
Quand la peinture donne à penser par Michel Guérin.
Table ronde avec Philippe Comar et les trois intervenants.

Samedi 29 juin 2024, 15h.
Séance consacrée à Benjamin Péret à l’occasion des 60 ans de l’Association des Amis de Benjamin Péret. Conférence de Gérard Roche et Jérôme Duwa et présentation du n°12 des Cahiers Benjamin Péret.
Concert-spectacle Les os du vent sur des textes de Benjamin Péret, par Mirtha Pozzi et Pablo Cueco.

 


PROGRAMME  2024

Samedi 13 janvier 2024, 15h.
Surréalisme et alchimie, conférence par Patrick Lepetit.

Samedi 27 janvier 2024, 15h.
La force de l’imaginaire, conférence par Michel Maffesoli

Samedi 10 février 2024.
Autour de la publication du livre de Henri Béhar, Lumières sur Maldoror, aux Éditions Classiques Garnier, en 2023, séance consacrée à Lautréamont.
Michel Carassou : Présentation de Lumières sur Maldoror et conférence.
Jelena Novakovic : Présence de Lautréamont dans le surréalisme de Belgrade.
Lectures par Charles Gonzales.
Table ronde avec Henri Béhar, Michel Carassou et Jelena Novakovic.
Modératrice : Françoise Py.

Samedi 24 février 2024, 15h.
Naslav Nijinski – Charles Gonzales
Toute nouvelle pièce de Charles Gonzales dans laquelle il incarne l’extraordinaire danseur de l’Après-midi d’un faune dont les textes ont des affinités avec ceux d’Antonin Artaud.

Samedi 9 mars 2024,15h.
Portrait de Famille, d’après Brelin Le Frou de Gisèle Prassinos, poétesse, romancière et plasticienne surréaliste. Présentation par Annie Richard.
Performance voix et instruments par Ana Orozco et Jean-Raphaël Prieto.
Lectures par Charles Gonzales.

Samedi 23 mars, 15h
Après-midi organisée avec Wanda Mihuleac et les Éditions Transignum dans le cadre du Printemps des poètes sur « La Grâce ». Nous vous proposons deux conférences et une lecture-performance.
Surréalisme roumain et dialogue européen par Ion Pop. Il s’agit d’un nouvel éclairage sur l’une des avant-gardes européennes les plus inventives (Victor Brauner, Jacques Hérold, Ghérasim Luca, Gellu Naum, Dolfi Trost, …)
Histoire et actualité du Collège de ‘Pataphysique par François Naudin.
Performance interactive avec Davide Napoli

Samedi 13 avril 2024, journée d’étude, 14h.
Édouard Jaguer et Anne Éthuin. La revue Phases.
Conférences de Patrick Lepetit, Angela Sanna et Giuseppe Di Natale.
Présentation des collages peints d’Anne Éthuin par Françoise Py
Témoignages de Pierre Boulay, Gilles Petitclerc (revue La Tortue-Lièvre, Montréal) ainsi que de Jean-Clarence Lambert et Ludovic Tac. Table ronde avec tous les intervenants.

Samedi 27 avril 2024, 15h.
Monstres et merveilles surréalistes par Monique Sebbag.
Le Sphinx, le Minotaure, sont-ils des monstres ou des merveilles ? Surgis d’un au-delà du conscient, ils fascinent. Cadavre exquis, Chimères, Femme-Cheval, Loup-table, Grands Transparents, Mélusine, l’univers surréaliste redonne au monstre son aura de demi-dieu.

Samedi 11 mai 2024, 15h.
Millénaire et centenaire du surréalisme par Georges Sebbag
À la fin de l’ultime numéro de La Révolution surréaliste de décembre 1929, figure ce placard : « MILLÉNAIRE DU SURRÉALISME (929 : Mort de Charles le Simple) ». Comment dès lors célébrer en 2024 le centenaire du Manifeste du surréaliste et de La Révolution surréaliste ?

Samedi 25 mai 2024, 15h.
Christian Dotremont : du Manifeste au poème, conférence par Pierre Taminiaux.
Débat avec le conférencier et Jean-Clarence Lambert.
Présentation du livre d’Alexandre Castant : Mandiargues et le cinéma, Quidam éditeur, 2024.

Dimanche 9 juin 2024, 15h.
Sortie du numéro de Mélusine numérique consacré à Alain Jouffroy et à Jean-Clarence Lambert. Numéro dirigé par Françoise Py.
Lectures par Charles Gonzales d’Un jour qu’il faisait nuit, recueil de poèmes de Françoise Py en hommage à Robert Desnos.

 Samedi 22 juin 2024, 15h.
Les animaux malades de l’humain : réflexions à partir de la peinture de Richard Conte. Danse avec les bêtes : petit essai d’auto-poïétique par Richard Conte.
L’amitié de l’homme et de la bête par Claire Margat.
Quand la peinture donne à penser par Michel Guérin.
Table ronde avec Philippe Comar et les trois intervenants.

Samedi 29 juin 2024, 15h.
Séance consacrée à Benjamin Péret à l’occasion des 60 ans de l’Association des Amis de Benjamin Péret. Conférence de Gérard Roche et Jérôme Duwa et présentation du n°12 des Cahiers Benjamin Péret.
Concert-spectacle Les os du vent sur des textes de Benjamin Péret, par Mirtha Pozzi et Pablo Cueco.

Halle Saint-Pierre, auditorium, 2 rue Ronsard, 75018, Paris, métro Anvers. Entrée libre.
Renseignements : Françoise Py : 06 99 08 02 63 et francoise.py@univ-paris8.fr 

 


 

Séminaire Art & Thérapie

Médiations : pour une société de l’horizontalité
« Je suis les liens que je tisse avec les autres » – Albert Jacquard


Sous la direction de Jean-Pierre Klein, Psychiatre hon. des Hôpitaux,
et de François Dingremont, Dr Esthétique et anthropologie

Chaque 3ème samedi de 14H30 à 16H30 de janvier à  mai, de 11H à 17H30 en juin
avec art-thérapeutes
Entrée 12 € (6 € pour les élèves INECAT carte de l’année) 
Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89 / communication@hallesaintpierre.org


 

SAMEDI 17 JUIN DE 11H A 18H

Conférences, ateliers, études de cas
en art-thérapie et en médiation artistique en relation d’aide

 

Médiations : pour une société de l’horizontalité*
« Je suis le lien que je tisse avec les autres » – Albert Jacquard


L’association Art et Thérapie créée en 1981 par une cadre socio-éducative, des artistes (peintre, sculpteure, céramiste, poète) et un psychiatre infanto-juvénile s’est mise d’emblée sous le signe du “et“ comme conjonction de coordination.

La médiation a été d’emblée au cœur de nos recherches au même titre que ce “et“ comme tiers faisant lien. Or, le problème du lien est au cœur même des contestations actuelles devant l’idéologie de l’individualisme en confinement et en culpabilisation que déploient les briseurs de communication horizontale qualitative voire décisionnelle.

La symbolisation partagée que nous avons choisie préférentiellement comme médiation restaurerait-elle les liens sociaux égalitaires ?
À quels médiums alternatifs faire appel ?
Quels objets facteurs de circulation : artistiques, fictionnels, narratifs, imagés, créatifs ?
Quelles réalisations symboliques comme facteurs d’unicité dans le respect des différences et de leurs enrichissements réciproques et communs ?
La crise multiple actuelle est-elle annonciatrice  d’une ère nouvelle dont la médiation serait le pivot ?
Quelle répercussion sur les institutions menacées par l’institué conséquence de leur obsolescence et surtout des emprises administratives, financières,  et contrôleuses ? Médiation, avènement d’une société de respect mutuel dans des co-créations éphémères : utopie ?

 

PROGRAMME 2023

21/01 14H30-16H30
Bernard Golse,
pédopsychiatre-psychanalyste, Président de l’Association Européenne de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent, fondateur de l’Institut Contemporain de l’Enfance :
Parler du bébé aux adolescents dans une Zone d’Éducation Prioritaire  

18/02
Matt’K Danet, artiste-chercheur, directeur de ZIGZAG Centre des arts adaptés,
Kate France,  
art-thérapeute, ArtRefuge, François Dingremont et Jean-Pierre Klein :
La médiation : enjeux et actualités de ses pratiques

18/03
Laurie Laufer, 
psychanalyste, Pr au département d’Études Psychanalytiques de l’université Paris Cité, directrice du Centre de Recherche Psychanalyse, Médecine et Société : Psychanalyse et émancipation

15/04
Ismael Jude,
écrivain, docteur en littérature, art-thérapeute :
L’écriture, l’espace, soi, dans quelle mesure l’écriture permet de se créer un espace

20/05
Stéphane Charpier,
professeur de neuroscience, directeur d’une équipe de recherche fondamentale et clinique à l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière : neuromédiations

17/06 11H-18H
Conférences, ateliers, études de cas en art-thérapie et en médiation artistique en relation d’aide


Séminaire organisé par l’Institut National d’Expression, de Création, d’Art et Thérapie (INECAT)
(Revue, et établissement d’enseignement supérieur de médiation artistique et d’art-thérapie)
Programme détaillé de l’année : klein.jpkev@gmail.com
INECAT/Art et Thérapie, 27, rue Boyer, 75020 Paris

Stifter

RENCONTRE / TABLE RONDE 

L’ ATELIER DU ROMAN
à l’occasion de ses 30 ans organise une table ronde sur 

STIFTER AUJOURD’HUI

Adalbert Stifter (1805 – 1868). Lu et aimé à son époque, admiré plus tard par des grands écrivains comme Nietzsche, Walser, Kafka et Kundera, l’auteur de L’Arrière-Saison est probablement l’écrivain le plus actuel de nos jours : personne autant que Stifter, qui a aussi été un excellent paysagiste, n’a réussi à lier l’humaine condition à la beauté (et non à l’utilité) de la nature.

Samedi 28 octobre 2023 à 15 heures – entrée libre
Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89

TABLE RONDE

Lakis Proguidis animera une discussion autour de quatre lectures différentes
de l’œuvre stiftérienne :

1- un monde qui valorise la lenteur par Eryck de Rubercy,
2 – un monde idyllique, par Denis Grozdanovitch,
3 – un univers d’inquiétante étrangeté par Pascal Hecker,
 4 – une exploration de l’humain considéré comme un monde particulier par
Jean-Yves Masson.

 

Adalbert Stifter (1805 – 1868), natif de Bohême, peintre, pédagogue, romancier et nouvelliste, est resté à l’écart des grands bouleversements artistiques et culturels qui ont commencé à secouer l’Europe au milieu du XIXe siècle. Ce qui ne signifie pas que son œuvre n’a pas été, et n’est toujours, appréciée et aimée. Cependant Stifter n’a jamais été considéré comme faisant partie des écrivains qui ont marqué durablement l’imaginaire des Européens. Peut-être alors le temps est venu de le découvrir. Peut-être son « écart » du canon moderniste traduit l’œuvre d’un écrivain qui avait pris ses distances par rapport au monde qui à son époque se dessinait à l’horizon et qui est aujourd’hui le nôtre.

  1. Pourquoi un numéro de L’Atelier du roman sur Stifter ?

Pourquoi relire Stifter aujourd’hui ? Pourquoi revenir à ce peintre et écrivain de langue allemande de la première moitié du XIXe siècle ? Natif de Bohême, qui faisait alors partie de l’Empire autrichien, Stifter a beaucoup été apprécié de ses contemporains. Depuis, son œuvre n’a cessé de séduire des grands écrivains de tous bords, de Nietzsche à Kafka et de Walser à Kundera. En France son œuvre est traduite abondamment et continue à être éditée et rééditée.
Mais ce n’est pas seulement pour ses qualités littéraires déjà reconnues que nous proposons ce retour à Stifter. Nous sommes absolument convaincus que Stifter, par son humanisme et par ses rapports d’amitié avec la nature, est plus que jamais actuel.
Qui sait ? Peut-être, à moins cinq, le temps est-il venu d’entendre la voix qui émane des profondeurs de cette œuvre : la nature n’a pas besoin tant de notre protection que de notre affectivité.

  1. Et pourquoi une table ronde sur Stifter ?

L’Atelier du roman ne se contente pas de la simple publication d’articles sur tel ou tel sujet. Il fait tout pour lancer la discussion. De préférence dans un endroit où peuvent se rassembler écrivains et public. L’essentiel est d’ouvrir le dialogue vers d’autres points de vue, de croiser nos lectures. Plus on parle en commun d’une grande œuvre artistique, plus la sensibilité de chacun en est imprégnée. Et plus nous sommes capables de lire le Livre du monde. De cette disponibilité d’écouter les autres, on ne trouvera de meilleur exemple que Stifter lui-même. On peut dire que la beauté exceptionnelle de son œuvre résulte de son dialogue avec les hommes et avec la nature. Et de sa foi en la valeur unique et irremplaçable de tout ce qui vit.

Une table ronde n’est pas un débat. Dans un débat il y a forcément des perdants et des gagnants. Dans un dialogue tout le monde gagne. En priorité l’œuvre.

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Notices biographiques des intervenants

Jean-Yves Masson, né en 1962, a étudié la littérature et la philosophie. Il publie ses premiers poèmes en 1986 et, à partir de 1989, se fait connaître comme traducteur d’italien, d’allemand et d’anglais. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, il commence une carrière universitaire puis s’en détourne pendant près d’une dizaine d’années pour vivre de ses activités de traducteur littéraire, d’éditeur (directeur du domaine allemand des éditions Verdier), et de critique littéraire, collaborant régulièrement au Panorama de France Culture dans les années 1990. Il publie ses premiers livres de poésie en 1995 : Offrandes (éd. Voix d’Encre), Onzains de la nuit et du désir (Cheyne éditeur), et son premier roman en 1996 (L’isolement, éd. Verdier). Il soutient une thèse de littérature comparée en 1998 et enseigne à l’université, d’abord à Nanterre, puis à la Sorbonne à partir de 2004, tout en continuant à collaborer au Magazine littéraire où il tient pendant dix ans une chronique sur la poésie. Il a publié à ce jour trois livres de poèmes (dont Neuvains du sommeil et de la sagesse, prix Max Jacob 2008), deux romans, des aphorismes, des essais et un livre de nouvelles, Ultimes vérités sur la mort du nageur (éd. Verdier, 2007) qui lui vaut le Prix Goncourt de la nouvelle. En 2015, il fonde avec Philippe Giraudon une maison d’édition artisanale diffusée par Les Belles Lettres, les éditions de la Coopérative, dont le catalogue atteint 80 titres fin 2023. Dans le cadre universitaire, il a notamment co-dirigé avec Yves Chevrel une Histoire des traductions en langue française en quatre volumes publiée aux éditions Verdier de 2012 à 2018, fruit du travail de près de 200 collaborateurs, qui décrit et évalue pour la première fois de façon précise la place du travail des traducteurs dans la constitution du patrimoine intellectuel de la langue française. Ses travaux portent sur la théorie de la traduction, la poétique et les relations entre musique et littérature. Pour son œuvre de traducteur d’allemand, il a reçu en 2015 le Prix lémanique de la traduction, et pour ses traductions de l’italien, le Prix du ministre italien de la culture en 2016. Il est membre étranger de l’Académie bavaroise des Beaux-Arts (section littérature) depuis juillet 2023.
Jean-Yves Masson a traduit et édité de très nombreux auteurs allemands, italiens et irlandais classiques aussi bien que contemporains. Il a traduit Descendances d’Adalbert Stifter chez Jacqueline Chambon en 1996 (rééd. Cambourakis, 2018). Sa traduction du dernier récit de Stifter, Dans la forêt de Bavière, est à paraître en 2024 aux éditions de la Coopérative avec une préface de Wolfgang Matz.

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Eryck de Rubercy, essayiste, auteur notamment des Douze questions à Jean Beaufret à propos de Martin Heidegger (Aubier, 1983, réédition Univers-Poche, coll. Agora, 2011 avec une lettre-préface de Marguerite Yourcenar) et de Parfums (Fata morgana, 2009), critique littéraire, membre du comité de rédaction de la Revue des Deux Mondes, est aussi traducteur d’écrivains et de poètes allemands (Prix Nelly-Sachs, 2004), notamment des Lettres sur Cézanne de R. M. Rilke (Cahiers de l’Énergumène, 1983), des essais sur Hölderlin de Max Kommerell (Aubier, 1989), de poèmes de Stefan George (Maximin, 1981 et Effigies, 2004, Fata morgana.), ainsi que de cinq volumes de l’œuvre d’August von Platen (La Différence, 1993-2002) et de Grèce de Hugo von Hofmannsthal (Isolato, 2012).
On lui doit également l’ouvrage Brancusi (Cercle d’art, 1995) et l’édition des Trois variations sur Claude Monet de Louis Gillet (Klincksieck, 2010) ainsi que celle de ses essais et conférences De Giotto à Matisse (2012, Klincksieck, 2012) mais aussi de la monographie d’Eugène Plon consacrée à Bertel Thorvaldsen (2020, Klincksieck).
On lui doit par ailleurs la présentation d’œuvres d’Ernst Meister (Éditions du Rocher, 2005), de Gottfried Benn, de Peter Handke (La Différence, 2006), de Friedrich Gundolf traduit par Alexandre Vialatte sur Heinrich von Kleist (Éditions du Félin, 2011), d’articles de la Revue des Deux Mondes sur Les totalitarismes : communisme et nazisme dans les années trente avec une préface de Michel Crépu (Christian Bourgois éditeur, 2010), de textes sur La controverse Wagner à propos de Tannhäuser à Paris en 1861(Univers-Poche, coll. Agora, 2012) et des Pensées de Jean Paul Richter (Univers-Poche, coll. Agora, 2016).
C’est sa relation familière avec la nature dans l’activité de sauvegarde d’un parc paysager qui est à l’origine de son anthologie Des poètes et des arbres (La Différence, 2005) et de la traduction en 1998 des Aperçus sur l’art du jardin paysager du prince parcomane Hermann von Pückler-Muskau, dont il a traduit également la Petite revue de parcs anglais (Klincksieck, 2014).
Il est aussi l’auteur de l’Esthétique du jardin paysager allemand XVIIIe-XIXe siècle (Klincksieck, 2014), ouvrage mené en collaboration avec Stéphanie de Courtois et Marie-Ange Maillet et dernièrement de La matière des arbres (Klincksieck, 2018). À paraître en 2024 : L’univers des arbres (Bouquins).

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Denis Grozdanovitch, Curriculum vitae quasi exhaustif
1946  Naissance à Paris, par un jour de pluie tenace…
1950  Ma grand-mère Madeleine m’offre ma première raquette de tennis.
1952  Je passe beaucoup de temps dans le fond du jardin en compagnie du chat et du chien. J’observe passionnément les insectes et je fais connaissance avec la solitude – à qui je tenterai par la suite et aussitôt que j’en aurai l’occasion, de fausser compagnie.
1958 Après la visitation d’une pensée fugitive, qui m’apparait comme merveilleuse, je  commence à rédiger des carnets.
1963  Je remporte le Championnat de France junior de tennis.
1964  Je découvre Blaise Cendrars et je réalise que je suis  un contemplatif contrarié.
1965   Je voyage beaucoup avec l’Équipe de France de Tennis ; je remporte un certain nombre de tournois et je deviens très vaniteux.
1966  Le jury d’examen décide, ému par mon éloquence brouillonne, de m’allouer le baccalauréat Philo bien que je n’ai répondu correctement à aucune question.
1967 J’intègre l’IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) et je filme inlassablement mes voisins, les nuages et les canards du Parc Montsouris. On me reproche un défaut de casting.
1968   Depuis le balcon de mon appartement, j’observe avec beaucoup d’intérêt ce que je peux apercevoir des événements de Mai, cependant, à cette époque, je m’intéresse nettement plus à la botanique.
1972  Je découvre le Squash et je joue tous les jours. Je fréquente assidûment la cinémathèque de Chaillot et l’aquarium juste en face où je donne la plupart de mes rendez-vous galants.
1975 Je remporte le Championnat de France de Squash. Naissance de ma fille Emilie. Je lis Proust. Je voyage aux Etats-Unis.
1976  Je découvre La Courte Paume, qui deviendra mon sport de prédilection. Je n’ai toujours pas lu un livre de Marguerite Duras.
1978 Coup de foudre pour ma future épouse Judith, sans qui je n’aurais sans doute jamais eu le courage de publier un seul livre.
1980  Je perds mon titre de champion de France de Squash conservé cinq ans.
1981 Je deviens membre actif de l’Ecole du Chat, association bénévole qui nourrit les nombreux chats errants (vraisemblablement alléchés par les relents tenaces des poissons exotiques) qui se sont réfugiés dans les décombres de L’aquarium du Trocadéro désormais détruit et où je ne peux plus donner mes rendez-vous galants.
1982  Après la troisième tentative, je ne parviens toujours pas à terminer l’Ulysse de James Joyce. Je n’ai toujours pas lu un livre de Marguerite Duras.
Je publie divers textes dans diverses revues dont la NRF de Gallimard, sous la houlette de Jacques Réda.
1992   Beaucoup plus affecté par la mort de mon chat que par l’écroulement de l’empire soviétique.
1994     Rien de particulier.
1995    J’écris un recueil de poèmes « secs » intitulés : « La Faculté des Choses » –  Publié au Casrtor Astral avec une préface « divinatoire » de Francis Dannemark.
1997 Très désorienté par la mort de mon père qui fut un merveilleux mentor dans toutes les disciplines artistiques, existentielles et sportives.
1999  Mort de ma sœur Isabelle dans un chambre impersonnelle de l’hôpital Villejuif, tandis qu’en contrebas, au cœur d’un terrain vague, des enfants font voler dans le vent un cerf-volant rouge.
2001  Durant l’été, je rédige, presque sans y penser et comme guidé par une sorte de fil onirique, le « Petit Traité de Désinvolture ».
2002   23 août : parution du « Petit Traité » aux éditions José Corti qui devient un best-seller grâce au bouche à oreille.
Septembre : beaucoup d’articles élogieux dans la presse, je reçois de nombreuses lettres de lecteurs.
Octobre : le livre est nominé pour le prix Renaudot Essais, pour le prix Décembre, Fondation Wepler, Cultures et Dépendances, Cazes, Grand-Gousier à Saumur, France Télévision. Le Livre n’obtient aucun de ces prix.
Novembre : le livre reçoit le prix de La Société des Gens de Lettres. Classé N°7 dans la sélection des Vingt meilleurs livres de l’année par le Journal Lire.
2003  Je tente de me remettre de toutes ces émotions, qui ont bousculé le train paisible de mes habitudes, en me consacrant à mon élevage d’escargots de Bourgogne. J’observe attentivement la manière qu’ont ces sages petites bêtes de rentrer dans leur coquille à la moindre alerte ! J’envisage d’abandonner définitivement le projet de lire un jour Marguerite Duras… Je commence à correspondre régulièrement avec Simon Leys en Australie, il approuve mon renoncement.
2005 Mon recueil Rêveurs et nageurs (José Corti) reçoit le Prix des Librairies initiales.
Je prends la décision irrévocable de ne plus me déplacer qu’à vélo dans Paris.
2006  Parution chez Robert Laffont, de « Brefs aperçus sur l’éternel féminin» qui me valent ce que j’escomptais : un certain nombre de nouveaux contacts féminins…  et accessoirement le Prix Alexandre Vialatte,
2008 Août : ma mère meurt à l’hôpital en me recommandant de bien remettre les clefs du garage à leur place, parce que sans ça on ne s’y retrouve plus ! Avril. Parution de Le petit Grozda, les merveilles oubliées du Littré. (Points -Seuil) avec une préface de Philippe Delerm ; Durant tout l’hiver, grosses crises d’extra-systoles que j’attribue au contrecoup de la disparition de ma mère. Juillet. Parution aux éditions du Castor Astral de mon recueil de poèmes La Faculté des choses qui enthousiasme une de mes voisines de palier d’ordinaire très péjorative sur ma production littéraire..
2009 Avril : parution de L’art difficile de ne presque rien faire aux éditions Denoël, avec une préface de Simon Leys et un dessin de couverture de Jean-Jacques Sempé. Ce livre me vaut dans le Figaro Littéraire un article élogieux de Yann Moix (! ?) intitulé Bréviaire anti-moderne.
En octobre paraissent mes Minuscules Extases – chronique élogieuse de Bernard Pivot dans Le Journal du Dimanche,
2011  Publication de mon seul Roman – La secrète mélancolie des marionnettes – aux éditions de L’Olivier. Excellent article de Pivot qui me nomine pour le prix Goncourt du premier roman.
Je publie un recueil de mes photos intitulé L’exactitude des songes aux Editions du Rouergue.
La Puissance discrète du hasard aux éditions Denoël – je passe un certain temps avec Sempé pour discuter du dessin de couverture..
Petit éloge du temps comme il va – Folio-Gallimard.
Le génie de la bêtise chez Grasset – succès de librairie.
2019  Dandys et excentriques, les vertiges da la singularité–  Grasset – Prix Saint-Simon remis à la Ferté-Vidame sur les terres du duc.
2021  La vie rêvée du joueur d’échecs – Grasset. Je reçois un abondant courrier de fervents des échecs qui me pointent mes inexactitudes quant à mes note biographiques sur les champions d’échecs.
2021  La gloire des petites choses – Grasset. L’Académie Française décerne le prix Roland de Jouvenel à ce livre qui traite de la poésie moderne minimaliste et de la question (cruciale pour notre époque éprise de gigantisme) du small is beautiful.
Je me tâte pour savoir si je vais tenter la lecture d’un livre d’Annie Ernaux, sans parvenir à me décider…

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Lakis Proguidis, essayiste et critique littéraire.
Ses études universitaires de génie civil à l’Université de Thessalonique (Grèce) sont interrompues par son emprisonnement de cinq ans dû à son activité contre la dictature des colonels (1967-1974) et terminées après la chute de la dictature. Il exerce dans son pays natal le métier d’ingénieur des travaux publics.
Il s’installe à Paris en 1980 avec la décision de se consacrer à la littérature, but qui correspond mieux à ses aspirations et lectures de jeunesse. Dès le début de ce nouveau départ, il se sent attiré plus par les questions d’esthétique et d’ontologie du roman que par l’écriture d’œuvres romanesques. Il commence alors à étudier très systématiquement l’œuvre de Rabelais et, parallèlement, commence des études littéraires. Il s’inscrit à deux séminaires à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales ; à celui de Milan Kundera, pendant toute sa durée (1981-1994), sur les grands romanciers de l’Europe centrale et, pendant dix ans (1982-1992), à celui d’Yves Hersant sur la Renaissance. Il devient l’assistant de Kundera en 1987. Par ailleurs, Kundera accepte de diriger sa thèse (la seule qu’il a dirigée en France). La Conquête du roman  – De Papadiamantis à Boccace, 1994. Le livre paraît aux Belles Lettres en 1997 avec une préface de Kundera. Kundera souligne l’importance de cet essai pour la compréhension du roman comme un art autonome, à l’instar de la musique, de la danse, etc.
En 1993, Lakis Proguidis fonde et dirige depuis la revue littéraire trimestrielle L’Atelier du roman (Buchet/Chastel). Le but de la revue est le dialogue esthétique transnational sur l’art du roman à partir des œuvres romanesques de tous les temps et non à partir de théories. Jusqu’aujourd’hui ont participé à L’Atelier du roman plus de sept cents écrivains d’une trentaine de pays.
L’Atelier du roman organise chaque année depuis 1999 une Rencontre d’écrivains sur des thèmes ayant un rapport avec l’art du roman. À partir de 2014 ces Rencontres, appelées Rencontres de Thélème, ont lieu à Chinon. En 2022 un nouveau cycle a été inauguré : « Lire et relire Rabelais ».
De 2005 à 2010 il enseigne comme professeur invité aux Universités McGill, Laval et Montréal. Il participe à plusieurs colloques internationaux dans différents pays, contribue à une dizaine d’ouvrages collectifs et publie des articles aussi bien dans d’autres revues que L’Atelier du roman.

Œuvres :
Un écrivain malgré la critique – Essai sur l’œuvre de Witold Gombrowicz (Gallimard, 1989).
La Conquête du roman – De Papadiamantis à Boccace (Les Belles Lettres, 1997, préface de Milan Kundera).
De l’autre côté du brouillard – Essai sur le roman français contemporain (Nota bene, 2001, Canada).
L’Âme numérique – À propos de L’Homme sans qualités de Robert Musil, Pesaro (Italie), Metauro edizioni, 2005, Italie.
Rabelais – Que le roman commence ! (éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017).
Principaux prix et distinctions
2020 Bourse Cioran 2020
2019 Grand Prix de l’essai littéraire du PEN Club français pour Rabelais – Que le roman commence !
2011 Prix de la Fondation Prince Louis de Polignac.
2003 Prix de l’Association des Amis de Valery Larbaud.
2002 Grand Prix littéraire de la Ville d’Antibes Jacques Audiberti.
2001 Prix de l’Académie française – soutien à la création littéraire.
1999 Prix Michel Dard pour Un écrivain malgré la critique, essai sur l’œuvre de Witold Gombrowicz.
1991 Lauréat en « Lettres et sciences humaines » de la Chancellerie des Universités de Paris.

 

 

 

 

 

 

 

HEY! CÉRAMIQUE.S

exposition en cours

HEY! CÉRAMIQUE.S
du 20 septembre 2023 au 14 août 2024

Dossier de presse

Catalogue disponible à la librairie de la Halle Saint Pierre. Prix : 48€

Au nom de la matière

Toutes deux profondément investies dans l’exploration de la scène culturelle alternative, la Halle Saint Pierre et HEY! modern art & pop culture poursuivent leur longue et étroite collaboration avec une sixième exposition entièrement dédiée à la céramique. Si ce medium occupe une place de plus en plus visible sur la scène artistique internationale, l’exposition HEY! CERAMIQUE.S en montrera d’autres formes qui, de la pop culture à l’art brut, s’émancipent de façon inattendue de toutes les normes et discours dominants pour recourir aux forces vives de l’imaginaire et du sensible. Qu’elles soient sages ou délirantes, sauvages ou sophistiquées, expressionnistes ou narratives, qu’elles manient l’humour ou l’émotion, les sculptures céramiques sont ici porteuses d’excès mais aussi de poésie et d’innovations.

Longtemps considérée comme un art mineur en raison de son statut particulier au carrefour de l’art et de l’artisanat, la céramique s’est émancipée artistiquement en faisant précisément de cette position hybride le fondement de son renouveau. La dimension proprement alchimique des arts du feu se prête en effet à merveille au brouillage et au dépassement des frontières. Mais si les artistes céramistes contemporains se nourrissent des traditions et savoir-faire immémoriaux ce n’est pas tant par nostalgie des valeurs du passé que pour replacer au centre de la création un retour au faire et une attention aux matières dans leur dimension sensible. La terre, l’eau, l’air, le feu ne sont plus de simples matériaux indifféremment manipulables, ils deviennent la substance même d’une imagination matérielle destinée à satisfaire aux urgences esthétiques et psychologiques. Nous nous approchons alors de la découverte bachelardienne d’une imagination comme capacité à ouvrir des possibles : N’est-ce pas le démon de la matière qui sollicite le peintre qui devient modeleur et sculpteur ? Au lyrisme de la couleur qui fut la joie de sa vie, il adjoint le lyrisme de la matière qui fait trembler d’émotion les doigts sur la glaise. 1

1 Gaston Bachelard, « Henri de Waroquier sculpteur : l’homme et son destin » (1952), in Le droit de rêver, p. 47

  • Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre et commissaire d’expositions

L’exposition « HEY! CÉRAMIQUE.S »

L’exposition réunit 34 artistes de 13 pays. Pour certains d’entre eux, il s’agit d’une première présentation en Europe. Parmi les 250 œuvres proposées, un tiers des œuvres est produit pour l’exposition, c’est également inédit. Elles encouragent un regard nouveau sur la création contemporaine dans le domaine de la céramique.
« J’ai choisi les artistes et les œuvres pour leur pouvoir d’émerveillement et leur force d’évocation. La sélection embrasse des céramistes s’appuyant sur l’histoire du médium comme des artistes s’en échappant pour faire appel aux techniques mixtes. Une discussion ouverte est ainsi enclenchée vers un potentiel vivant des céramiques – comme autant de gestes et de formes pluriels s’y adossant » affirme Anne Richard / HEY!.
La vocation de l’exposition n’est donc pas ici d’illustrer une histoire de la céramique ni de différentier les techniques variées et traditionnelles la traversant, mais bien de témoigner du dynamisme inédit que connait cette pratique actuellement.

  • Anne Richard, commissaire invitée et fondatrice du la revue HEY! modern art & pop culture

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Aux Frontières de l’Art Brut

EXPOSITION en cours

AUX FRONTIÈRES DE L’ART BRUT
du 20 septembre 2023 au 25 février 2024
Dossier de presse (ici)

L’exposition « Aux Frontières de l’art brut » présente 15 artistes, inclassables selon les critères de l’art brut ou de l’art naïf traditionnel : Pierre Amourette, Gabriel Audebert, Mohamed Babahoum, Jean Branciard, Etty Buzyn, Marc Décimo, Roger Lorance, Patrick Navaï, Marion Oster, Jon Sarkin, Shinichi Sawada, Ronan-Jim Sevellec, Ghyslaine et Sylvain Staëlens et Yoshihiro Watanabe. Sans formation artistique pour la plupart mais possédés par le démon de la création, tous sont des expérimentateurs intarissables, obsessionnels, proliférants, dont l’univers a sa marque particulière, reconnaissable au premier coup d’œil. Peu habitués aux circuits professionnels de l’art, ils sont restés méconnus ou montrent avec discrétion les épiphanies d’une imagination sans limite.

Ceux qui en feront la découverte oublieront difficilement la dramaturgie des madones en céramique de Pierre Amourette, les méditations monstruosiformes de Roger Lorance ou le carnaval de la comédie humaine de Gabriel Audebert. Shinichi Sawada, lui, convoque les quatre éléments pour sculpter dans la terre d’étranges créatures hérissées de pointe, tenant tour à tour de l’humain, du reptile, de l’oursin et de l’oiseau. Mais c’est aussi un monde où la poésie en est l’élan vital. Mohamed Babahoum célèbre dans la petite chronique dessinée d’Essaouira, son village natal, les éclats fragiles de ses souvenirs recomposés. Patrick Navaï, poète et peintre traversé par les migrations, fait de son œuvre un voyage intime où les cultures du monde sont mises en relation, s’influencent et se transforment. En animant l’inanimé, Yoshihiro Watanabe réenchante le monde. Ses délicats « Ohira », origami en feuilles de chêne pliées, aux formes animales, restituent à la nature son langage. Renouer avec le vivant est également au cœur du travail de Marc Décimo. Ses assemblages entrelacent des éléments d’origine végétale dans des architectures évoquant l’immense pouvoir du mycélium. En écho, les véhicules forteresses de Jean Branciard sont des échappées salvatrices hors d’un monde trop fonctionnel et utilitaire, dans le désir de rendre au quotidien et aux objets qui le composent leur dignité. On peut y déceler une condamnation de la démesure humaine que Ronan-Jim Sevellec met en scène. L’artiste entretient avec les objets une passion obsessionnelle, et c’est dans le réalisme confondant de ses univers miniatures surannés, désertés de toute présence humaine, qu’il leur offre leur véritable existence. De leur vie dans la compagnie des hommes, les objets se sont chargés d’une mémoire et d’un pouvoir qui peuvent tenir de l’exorcisme et de la magie. Ainsi l’œuvre devient vœu, offrande dans les ex-votos de Marion Oster aux narrations mythologiques, magiques et oniriques. Ghyslaine et Sylvain Staëlens font resurgir dans l’alchimie liminaire de leurs sculptures les fantômes et les esprits de la forêt. Une déraison fondatrice parcourt cette exposition, qui est l’occasion d’en expérimenter quelques-unes des infinies ressources. Dans un torrent de mots et d’images, Jon Sarkin, dessine les possibilités de faire œuvrer ensemble l’espace de l’écrit et celui de la figure, rejetant l’abîme mental qui sépare le sensible de l’intelligible. Chez Etty Buzyn, la main écoute et ses entrelacs aux formes infinies et aléatoires tissent dans le sensible les liens disjoints de notre monde intérieur.

Échappant à l’orthodoxie des positions de Dubuffet, l’art brut est devenu une réalité patrimoniale ouverte dont les contours sont en perpétuelle évolution. Dans son sillage s’est épanoui un monde artistique hétérodoxe où des artistes, revendiquant pleinement leur statut, n’en sont pas moins en porte à faux avec « l’asphyxiante culture ». Préférant la liberté des chemins insolites, des artistes aux entreprises très différentes, désignées sous les étiquettes interchangeables d’art singulier, hors-les-normes, outsider, neuve invention ou sans étiquette du tout, ont fait de leurs œuvres le lieu d’un véritable théâtre privé, le support d’un récit profondément personnel, où l’angoisse de la mort n’est nullement incompatible avec la joie d’exister.
C’est en compagnie de cette tribu créatrice, complexe et plurielle, que la Halle Saint Pierre continue d’avancer.

Martine Lusardy, commissaire de l’exposition

 

HANDIEDAN

Exposition du 20 septembre au 30 novembre 2023

Halle Saint Pierre – galerie du bas (entrée libre)
ouvert tous les jours 

HANDIEDAN (PAYS-BAS)
Figure de proue du surréalisme pop européen, les œuvres de Handiedan consistent en un phrasé complexe de découpage et décollage de montages digitaux qu’elle achève par un minutieux travail de sculpture en couche. Ce processus questionnant l’accumulation, il s’agit aussi de conceptualiser la multiplicité des identités du féminin contemporain, à partir du corps classique de la pin-up et de sa perception stéréotypée persistante. Avec une formation en design photographique et un savoir autodidacte en dessin, l’artiste a débuté son travail en 2007. Son œuvre urbaine multimédia et street art est exposée à travers le monde en musée et galerie, et se déploie en plein air, format monumental. Les œuvres de Handiedan présentées à la Halle Saint Pierre sont également inédites en France.

EDGAR MORIN

Edgar Morin donnera une grande conférence exceptionnelle
autour de son dernier ouvrage
« De guerre en guerre. De 1914 à l’Ukraine »
Editions L’Aube

à la Halle Saint Pierre

Mercredi 24 mai 2023 à 16H30 – entrée libre
Réservation indispensable :  01 42 58 72 89

« La guerre d’Ukraine a rappelé en moi les terribles souvenirs de la Seconde guerre mondiale. Les destructions massives, les villes ravagée et détruites, les carcasses d’immeubles éventrés, les innombrables morts militaires et civiles, les afflux de réfugiés… J’ai revécu les crimes de guerre, le manichéisme absolu, les propagandes mensongères. Et me sont revenus en mémoire les traits communs à toutes les guerres que j’ai connues, guerre d’Algérie, guerre de Yougoslavie, guerres d’Irak. J’ai écrit ce texte pour que ces leçons de quatre-vingt années d’histoire puissent nous servir à affronter le présent en toute lucidité, comprendre l’urgence de travailler à la paix, et éviter la pire tragédie d’une nouvelle guerre mondiale. »

 

Edgar Morin

Né en 1921, l’auteur mettra les événements qui se déroulent actuellement en Europe et dans le monde dans la perspective de sa traversée du siècle. Il les situera dans son parcours personnel de résistant et d’intellectuel, animé par une profonde pulsion de vie et de créativité.

Edgar Morin nous permet d’approcher les phénomènes de la guerre suivant une pensée non formatée, en mettant en œuvre ce qu’il appelle la « pensée complexe » par opposition aux mots d’ordre dominants.

Cet événement est coorganisé avec Alexander Neumann (laboratoire de philosophie LLCP de l’Université Paris 8) et Alain Patrick Olivier (Président du Collège international de philosophie).