José Guirao

Exposition du 2 au 31 mai 2024
A la librairie de la Halle Saint Pierre – entrée libre

José Guirao vit dans un quartier de Paris plutôt disgracieux, mais depuis sa tour, il voit toute la ville. Je suis allé chez lui et j’ai aimé, sitôt passé le seuil de sa porte, la douceur inattendue de cet appartement, et sa grande table de ferme flanquée de bancs qui vous invitent à boire le vin du Sud. Sur cette table, il m’a montré ses œuvres tandis que la radio déversait l’ouverture de Tannhauser. Certains dessins avaient une géométrie de tapis berbères. Le premier sautait aux yeux avec une évidence de blason jailli de l’inconscient : quatre animaux noirs veillaient deux osselets sur fond d’or, étirant leurs extrémités tels les plombs d’un vitrail saturé de maisonnettes toutes identiques, rangées comme des phobies grises dans un cerveau obsessionnel. Ensuite surgirent poissons, oiseaux, lézards, puis des hybrides d’humains et de poulpes, et même des matriochkas. Cela sur des fonds somptueux, dessinés au stylo-bille à petits traits croisés tissant des trames serrées, ou par à-plats de couleurs bien tempérées. José dessine sur un arrière-plan musical, s’abandonnant au choix des programmateurs de France-Musique, station qu’il met fort à l’autre bout de l’appartement, ouvrant toutes les portes pour que le son l’envahisse, qu’il soit jazz, classique, baroque… C’est ainsi que José ouvre grand son espace, chasse les idées noires et dirige l’orchestre des couleurs, là-haut dans sa tour comme une vigie dressée par-dessus notre grisaille.  

 Régis Gayraud