Stifter

RENCONTRE / TABLE RONDE 

L’ ATELIER DU ROMAN
à l’occasion de ses 30 ans organise une table ronde sur 

STIFTER AUJOURD’HUI

Adalbert Stifter (1805 – 1868). Lu et aimé à son époque, admiré plus tard par des grands écrivains comme Nietzsche, Walser, Kafka et Kundera, l’auteur de L’Arrière-Saison est probablement l’écrivain le plus actuel de nos jours : personne autant que Stifter, qui a aussi été un excellent paysagiste, n’a réussi à lier l’humaine condition à la beauté (et non à l’utilité) de la nature.

Samedi 28 octobre 2023 à 15 heures – entrée libre
Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89

TABLE RONDE

Lakis Proguidis animera une discussion autour de quatre lectures différentes
de l’œuvre stiftérienne :

1- un monde qui valorise la lenteur par Eryck de Rubercy,
2 – un monde idyllique, par Denis Grozdanovitch,
3 – un univers d’inquiétante étrangeté par Pascal Hecker,
 4 – une exploration de l’humain considéré comme un monde particulier par
Jean-Yves Masson.

 

Adalbert Stifter (1805 – 1868), natif de Bohême, peintre, pédagogue, romancier et nouvelliste, est resté à l’écart des grands bouleversements artistiques et culturels qui ont commencé à secouer l’Europe au milieu du XIXe siècle. Ce qui ne signifie pas que son œuvre n’a pas été, et n’est toujours, appréciée et aimée. Cependant Stifter n’a jamais été considéré comme faisant partie des écrivains qui ont marqué durablement l’imaginaire des Européens. Peut-être alors le temps est venu de le découvrir. Peut-être son « écart » du canon moderniste traduit l’œuvre d’un écrivain qui avait pris ses distances par rapport au monde qui à son époque se dessinait à l’horizon et qui est aujourd’hui le nôtre.

  1. Pourquoi un numéro de L’Atelier du roman sur Stifter ?

Pourquoi relire Stifter aujourd’hui ? Pourquoi revenir à ce peintre et écrivain de langue allemande de la première moitié du XIXe siècle ? Natif de Bohême, qui faisait alors partie de l’Empire autrichien, Stifter a beaucoup été apprécié de ses contemporains. Depuis, son œuvre n’a cessé de séduire des grands écrivains de tous bords, de Nietzsche à Kafka et de Walser à Kundera. En France son œuvre est traduite abondamment et continue à être éditée et rééditée.
Mais ce n’est pas seulement pour ses qualités littéraires déjà reconnues que nous proposons ce retour à Stifter. Nous sommes absolument convaincus que Stifter, par son humanisme et par ses rapports d’amitié avec la nature, est plus que jamais actuel.
Qui sait ? Peut-être, à moins cinq, le temps est-il venu d’entendre la voix qui émane des profondeurs de cette œuvre : la nature n’a pas besoin tant de notre protection que de notre affectivité.

  1. Et pourquoi une table ronde sur Stifter ?

L’Atelier du roman ne se contente pas de la simple publication d’articles sur tel ou tel sujet. Il fait tout pour lancer la discussion. De préférence dans un endroit où peuvent se rassembler écrivains et public. L’essentiel est d’ouvrir le dialogue vers d’autres points de vue, de croiser nos lectures. Plus on parle en commun d’une grande œuvre artistique, plus la sensibilité de chacun en est imprégnée. Et plus nous sommes capables de lire le Livre du monde. De cette disponibilité d’écouter les autres, on ne trouvera de meilleur exemple que Stifter lui-même. On peut dire que la beauté exceptionnelle de son œuvre résulte de son dialogue avec les hommes et avec la nature. Et de sa foi en la valeur unique et irremplaçable de tout ce qui vit.

Une table ronde n’est pas un débat. Dans un débat il y a forcément des perdants et des gagnants. Dans un dialogue tout le monde gagne. En priorité l’œuvre.

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Notices biographiques des intervenants

Jean-Yves Masson, né en 1962, a étudié la littérature et la philosophie. Il publie ses premiers poèmes en 1986 et, à partir de 1989, se fait connaître comme traducteur d’italien, d’allemand et d’anglais. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, il commence une carrière universitaire puis s’en détourne pendant près d’une dizaine d’années pour vivre de ses activités de traducteur littéraire, d’éditeur (directeur du domaine allemand des éditions Verdier), et de critique littéraire, collaborant régulièrement au Panorama de France Culture dans les années 1990. Il publie ses premiers livres de poésie en 1995 : Offrandes (éd. Voix d’Encre), Onzains de la nuit et du désir (Cheyne éditeur), et son premier roman en 1996 (L’isolement, éd. Verdier). Il soutient une thèse de littérature comparée en 1998 et enseigne à l’université, d’abord à Nanterre, puis à la Sorbonne à partir de 2004, tout en continuant à collaborer au Magazine littéraire où il tient pendant dix ans une chronique sur la poésie. Il a publié à ce jour trois livres de poèmes (dont Neuvains du sommeil et de la sagesse, prix Max Jacob 2008), deux romans, des aphorismes, des essais et un livre de nouvelles, Ultimes vérités sur la mort du nageur (éd. Verdier, 2007) qui lui vaut le Prix Goncourt de la nouvelle. En 2015, il fonde avec Philippe Giraudon une maison d’édition artisanale diffusée par Les Belles Lettres, les éditions de la Coopérative, dont le catalogue atteint 80 titres fin 2023. Dans le cadre universitaire, il a notamment co-dirigé avec Yves Chevrel une Histoire des traductions en langue française en quatre volumes publiée aux éditions Verdier de 2012 à 2018, fruit du travail de près de 200 collaborateurs, qui décrit et évalue pour la première fois de façon précise la place du travail des traducteurs dans la constitution du patrimoine intellectuel de la langue française. Ses travaux portent sur la théorie de la traduction, la poétique et les relations entre musique et littérature. Pour son œuvre de traducteur d’allemand, il a reçu en 2015 le Prix lémanique de la traduction, et pour ses traductions de l’italien, le Prix du ministre italien de la culture en 2016. Il est membre étranger de l’Académie bavaroise des Beaux-Arts (section littérature) depuis juillet 2023.
Jean-Yves Masson a traduit et édité de très nombreux auteurs allemands, italiens et irlandais classiques aussi bien que contemporains. Il a traduit Descendances d’Adalbert Stifter chez Jacqueline Chambon en 1996 (rééd. Cambourakis, 2018). Sa traduction du dernier récit de Stifter, Dans la forêt de Bavière, est à paraître en 2024 aux éditions de la Coopérative avec une préface de Wolfgang Matz.

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Eryck de Rubercy, essayiste, auteur notamment des Douze questions à Jean Beaufret à propos de Martin Heidegger (Aubier, 1983, réédition Univers-Poche, coll. Agora, 2011 avec une lettre-préface de Marguerite Yourcenar) et de Parfums (Fata morgana, 2009), critique littéraire, membre du comité de rédaction de la Revue des Deux Mondes, est aussi traducteur d’écrivains et de poètes allemands (Prix Nelly-Sachs, 2004), notamment des Lettres sur Cézanne de R. M. Rilke (Cahiers de l’Énergumène, 1983), des essais sur Hölderlin de Max Kommerell (Aubier, 1989), de poèmes de Stefan George (Maximin, 1981 et Effigies, 2004, Fata morgana.), ainsi que de cinq volumes de l’œuvre d’August von Platen (La Différence, 1993-2002) et de Grèce de Hugo von Hofmannsthal (Isolato, 2012).
On lui doit également l’ouvrage Brancusi (Cercle d’art, 1995) et l’édition des Trois variations sur Claude Monet de Louis Gillet (Klincksieck, 2010) ainsi que celle de ses essais et conférences De Giotto à Matisse (2012, Klincksieck, 2012) mais aussi de la monographie d’Eugène Plon consacrée à Bertel Thorvaldsen (2020, Klincksieck).
On lui doit par ailleurs la présentation d’œuvres d’Ernst Meister (Éditions du Rocher, 2005), de Gottfried Benn, de Peter Handke (La Différence, 2006), de Friedrich Gundolf traduit par Alexandre Vialatte sur Heinrich von Kleist (Éditions du Félin, 2011), d’articles de la Revue des Deux Mondes sur Les totalitarismes : communisme et nazisme dans les années trente avec une préface de Michel Crépu (Christian Bourgois éditeur, 2010), de textes sur La controverse Wagner à propos de Tannhäuser à Paris en 1861(Univers-Poche, coll. Agora, 2012) et des Pensées de Jean Paul Richter (Univers-Poche, coll. Agora, 2016).
C’est sa relation familière avec la nature dans l’activité de sauvegarde d’un parc paysager qui est à l’origine de son anthologie Des poètes et des arbres (La Différence, 2005) et de la traduction en 1998 des Aperçus sur l’art du jardin paysager du prince parcomane Hermann von Pückler-Muskau, dont il a traduit également la Petite revue de parcs anglais (Klincksieck, 2014).
Il est aussi l’auteur de l’Esthétique du jardin paysager allemand XVIIIe-XIXe siècle (Klincksieck, 2014), ouvrage mené en collaboration avec Stéphanie de Courtois et Marie-Ange Maillet et dernièrement de La matière des arbres (Klincksieck, 2018). À paraître en 2024 : L’univers des arbres (Bouquins).

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Denis Grozdanovitch, Curriculum vitae quasi exhaustif
1946  Naissance à Paris, par un jour de pluie tenace…
1950  Ma grand-mère Madeleine m’offre ma première raquette de tennis.
1952  Je passe beaucoup de temps dans le fond du jardin en compagnie du chat et du chien. J’observe passionnément les insectes et je fais connaissance avec la solitude – à qui je tenterai par la suite et aussitôt que j’en aurai l’occasion, de fausser compagnie.
1958 Après la visitation d’une pensée fugitive, qui m’apparait comme merveilleuse, je  commence à rédiger des carnets.
1963  Je remporte le Championnat de France junior de tennis.
1964  Je découvre Blaise Cendrars et je réalise que je suis  un contemplatif contrarié.
1965   Je voyage beaucoup avec l’Équipe de France de Tennis ; je remporte un certain nombre de tournois et je deviens très vaniteux.
1966  Le jury d’examen décide, ému par mon éloquence brouillonne, de m’allouer le baccalauréat Philo bien que je n’ai répondu correctement à aucune question.
1967 J’intègre l’IDHEC (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) et je filme inlassablement mes voisins, les nuages et les canards du Parc Montsouris. On me reproche un défaut de casting.
1968   Depuis le balcon de mon appartement, j’observe avec beaucoup d’intérêt ce que je peux apercevoir des événements de Mai, cependant, à cette époque, je m’intéresse nettement plus à la botanique.
1972  Je découvre le Squash et je joue tous les jours. Je fréquente assidûment la cinémathèque de Chaillot et l’aquarium juste en face où je donne la plupart de mes rendez-vous galants.
1975 Je remporte le Championnat de France de Squash. Naissance de ma fille Emilie. Je lis Proust. Je voyage aux Etats-Unis.
1976  Je découvre La Courte Paume, qui deviendra mon sport de prédilection. Je n’ai toujours pas lu un livre de Marguerite Duras.
1978 Coup de foudre pour ma future épouse Judith, sans qui je n’aurais sans doute jamais eu le courage de publier un seul livre.
1980  Je perds mon titre de champion de France de Squash conservé cinq ans.
1981 Je deviens membre actif de l’Ecole du Chat, association bénévole qui nourrit les nombreux chats errants (vraisemblablement alléchés par les relents tenaces des poissons exotiques) qui se sont réfugiés dans les décombres de L’aquarium du Trocadéro désormais détruit et où je ne peux plus donner mes rendez-vous galants.
1982  Après la troisième tentative, je ne parviens toujours pas à terminer l’Ulysse de James Joyce. Je n’ai toujours pas lu un livre de Marguerite Duras.
Je publie divers textes dans diverses revues dont la NRF de Gallimard, sous la houlette de Jacques Réda.
1992   Beaucoup plus affecté par la mort de mon chat que par l’écroulement de l’empire soviétique.
1994     Rien de particulier.
1995    J’écris un recueil de poèmes « secs » intitulés : « La Faculté des Choses » –  Publié au Casrtor Astral avec une préface « divinatoire » de Francis Dannemark.
1997 Très désorienté par la mort de mon père qui fut un merveilleux mentor dans toutes les disciplines artistiques, existentielles et sportives.
1999  Mort de ma sœur Isabelle dans un chambre impersonnelle de l’hôpital Villejuif, tandis qu’en contrebas, au cœur d’un terrain vague, des enfants font voler dans le vent un cerf-volant rouge.
2001  Durant l’été, je rédige, presque sans y penser et comme guidé par une sorte de fil onirique, le « Petit Traité de Désinvolture ».
2002   23 août : parution du « Petit Traité » aux éditions José Corti qui devient un best-seller grâce au bouche à oreille.
Septembre : beaucoup d’articles élogieux dans la presse, je reçois de nombreuses lettres de lecteurs.
Octobre : le livre est nominé pour le prix Renaudot Essais, pour le prix Décembre, Fondation Wepler, Cultures et Dépendances, Cazes, Grand-Gousier à Saumur, France Télévision. Le Livre n’obtient aucun de ces prix.
Novembre : le livre reçoit le prix de La Société des Gens de Lettres. Classé N°7 dans la sélection des Vingt meilleurs livres de l’année par le Journal Lire.
2003  Je tente de me remettre de toutes ces émotions, qui ont bousculé le train paisible de mes habitudes, en me consacrant à mon élevage d’escargots de Bourgogne. J’observe attentivement la manière qu’ont ces sages petites bêtes de rentrer dans leur coquille à la moindre alerte ! J’envisage d’abandonner définitivement le projet de lire un jour Marguerite Duras… Je commence à correspondre régulièrement avec Simon Leys en Australie, il approuve mon renoncement.
2005 Mon recueil Rêveurs et nageurs (José Corti) reçoit le Prix des Librairies initiales.
Je prends la décision irrévocable de ne plus me déplacer qu’à vélo dans Paris.
2006  Parution chez Robert Laffont, de « Brefs aperçus sur l’éternel féminin» qui me valent ce que j’escomptais : un certain nombre de nouveaux contacts féminins…  et accessoirement le Prix Alexandre Vialatte,
2008 Août : ma mère meurt à l’hôpital en me recommandant de bien remettre les clefs du garage à leur place, parce que sans ça on ne s’y retrouve plus ! Avril. Parution de Le petit Grozda, les merveilles oubliées du Littré. (Points -Seuil) avec une préface de Philippe Delerm ; Durant tout l’hiver, grosses crises d’extra-systoles que j’attribue au contrecoup de la disparition de ma mère. Juillet. Parution aux éditions du Castor Astral de mon recueil de poèmes La Faculté des choses qui enthousiasme une de mes voisines de palier d’ordinaire très péjorative sur ma production littéraire..
2009 Avril : parution de L’art difficile de ne presque rien faire aux éditions Denoël, avec une préface de Simon Leys et un dessin de couverture de Jean-Jacques Sempé. Ce livre me vaut dans le Figaro Littéraire un article élogieux de Yann Moix (! ?) intitulé Bréviaire anti-moderne.
En octobre paraissent mes Minuscules Extases – chronique élogieuse de Bernard Pivot dans Le Journal du Dimanche,
2011  Publication de mon seul Roman – La secrète mélancolie des marionnettes – aux éditions de L’Olivier. Excellent article de Pivot qui me nomine pour le prix Goncourt du premier roman.
Je publie un recueil de mes photos intitulé L’exactitude des songes aux Editions du Rouergue.
La Puissance discrète du hasard aux éditions Denoël – je passe un certain temps avec Sempé pour discuter du dessin de couverture..
Petit éloge du temps comme il va – Folio-Gallimard.
Le génie de la bêtise chez Grasset – succès de librairie.
2019  Dandys et excentriques, les vertiges da la singularité–  Grasset – Prix Saint-Simon remis à la Ferté-Vidame sur les terres du duc.
2021  La vie rêvée du joueur d’échecs – Grasset. Je reçois un abondant courrier de fervents des échecs qui me pointent mes inexactitudes quant à mes note biographiques sur les champions d’échecs.
2021  La gloire des petites choses – Grasset. L’Académie Française décerne le prix Roland de Jouvenel à ce livre qui traite de la poésie moderne minimaliste et de la question (cruciale pour notre époque éprise de gigantisme) du small is beautiful.
Je me tâte pour savoir si je vais tenter la lecture d’un livre d’Annie Ernaux, sans parvenir à me décider…

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Lakis Proguidis, essayiste et critique littéraire.
Ses études universitaires de génie civil à l’Université de Thessalonique (Grèce) sont interrompues par son emprisonnement de cinq ans dû à son activité contre la dictature des colonels (1967-1974) et terminées après la chute de la dictature. Il exerce dans son pays natal le métier d’ingénieur des travaux publics.
Il s’installe à Paris en 1980 avec la décision de se consacrer à la littérature, but qui correspond mieux à ses aspirations et lectures de jeunesse. Dès le début de ce nouveau départ, il se sent attiré plus par les questions d’esthétique et d’ontologie du roman que par l’écriture d’œuvres romanesques. Il commence alors à étudier très systématiquement l’œuvre de Rabelais et, parallèlement, commence des études littéraires. Il s’inscrit à deux séminaires à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales ; à celui de Milan Kundera, pendant toute sa durée (1981-1994), sur les grands romanciers de l’Europe centrale et, pendant dix ans (1982-1992), à celui d’Yves Hersant sur la Renaissance. Il devient l’assistant de Kundera en 1987. Par ailleurs, Kundera accepte de diriger sa thèse (la seule qu’il a dirigée en France). La Conquête du roman  – De Papadiamantis à Boccace, 1994. Le livre paraît aux Belles Lettres en 1997 avec une préface de Kundera. Kundera souligne l’importance de cet essai pour la compréhension du roman comme un art autonome, à l’instar de la musique, de la danse, etc.
En 1993, Lakis Proguidis fonde et dirige depuis la revue littéraire trimestrielle L’Atelier du roman (Buchet/Chastel). Le but de la revue est le dialogue esthétique transnational sur l’art du roman à partir des œuvres romanesques de tous les temps et non à partir de théories. Jusqu’aujourd’hui ont participé à L’Atelier du roman plus de sept cents écrivains d’une trentaine de pays.
L’Atelier du roman organise chaque année depuis 1999 une Rencontre d’écrivains sur des thèmes ayant un rapport avec l’art du roman. À partir de 2014 ces Rencontres, appelées Rencontres de Thélème, ont lieu à Chinon. En 2022 un nouveau cycle a été inauguré : « Lire et relire Rabelais ».
De 2005 à 2010 il enseigne comme professeur invité aux Universités McGill, Laval et Montréal. Il participe à plusieurs colloques internationaux dans différents pays, contribue à une dizaine d’ouvrages collectifs et publie des articles aussi bien dans d’autres revues que L’Atelier du roman.

Œuvres :
Un écrivain malgré la critique – Essai sur l’œuvre de Witold Gombrowicz (Gallimard, 1989).
La Conquête du roman – De Papadiamantis à Boccace (Les Belles Lettres, 1997, préface de Milan Kundera).
De l’autre côté du brouillard – Essai sur le roman français contemporain (Nota bene, 2001, Canada).
L’Âme numérique – À propos de L’Homme sans qualités de Robert Musil, Pesaro (Italie), Metauro edizioni, 2005, Italie.
Rabelais – Que le roman commence ! (éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2017).
Principaux prix et distinctions
2020 Bourse Cioran 2020
2019 Grand Prix de l’essai littéraire du PEN Club français pour Rabelais – Que le roman commence !
2011 Prix de la Fondation Prince Louis de Polignac.
2003 Prix de l’Association des Amis de Valery Larbaud.
2002 Grand Prix littéraire de la Ville d’Antibes Jacques Audiberti.
2001 Prix de l’Académie française – soutien à la création littéraire.
1999 Prix Michel Dard pour Un écrivain malgré la critique, essai sur l’œuvre de Witold Gombrowicz.
1991 Lauréat en « Lettres et sciences humaines » de la Chancellerie des Universités de Paris.

 

 

 

 

 

 

 

EDGAR MORIN

Edgar Morin donnera une grande conférence exceptionnelle
autour de son dernier ouvrage
« De guerre en guerre. De 1914 à l’Ukraine »
Editions L’Aube

à la Halle Saint Pierre

Mercredi 24 mai 2023 à 16H30 – entrée libre
Réservation indispensable :  01 42 58 72 89

« La guerre d’Ukraine a rappelé en moi les terribles souvenirs de la Seconde guerre mondiale. Les destructions massives, les villes ravagée et détruites, les carcasses d’immeubles éventrés, les innombrables morts militaires et civiles, les afflux de réfugiés… J’ai revécu les crimes de guerre, le manichéisme absolu, les propagandes mensongères. Et me sont revenus en mémoire les traits communs à toutes les guerres que j’ai connues, guerre d’Algérie, guerre de Yougoslavie, guerres d’Irak. J’ai écrit ce texte pour que ces leçons de quatre-vingt années d’histoire puissent nous servir à affronter le présent en toute lucidité, comprendre l’urgence de travailler à la paix, et éviter la pire tragédie d’une nouvelle guerre mondiale. »

 

Edgar Morin

Né en 1921, l’auteur mettra les événements qui se déroulent actuellement en Europe et dans le monde dans la perspective de sa traversée du siècle. Il les situera dans son parcours personnel de résistant et d’intellectuel, animé par une profonde pulsion de vie et de créativité.

Edgar Morin nous permet d’approcher les phénomènes de la guerre suivant une pensée non formatée, en mettant en œuvre ce qu’il appelle la « pensée complexe » par opposition aux mots d’ordre dominants.

Cet événement est coorganisé avec Alexander Neumann (laboratoire de philosophie LLCP de l’Université Paris 8) et Alain Patrick Olivier (Président du Collège international de philosophie).

David Cohen « Têtes en quête de monde »

David COHEN
Têtes en quête de monde …
fragments Houellebecq

Exposition du 2 au 31 mai 2023
Halle Saint Pierre – à la galerie (entrée libre)
&
Rencontre – Lecture visuelle
Dimanche 14 mai 2023 à 15h – entrée libre
Avec la participation du club des Poètes
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89

Toujours essayer de dire ce qu’on ne peut pas dire, écrire ce dont on ne peut parler, les mots, la peinture pour guérir les maux, les maux pour écrire, penser le monde, un autre monde, voilà ce que proposent David Cohen et ce qu’il nous dit de la poésie de Michel Houellebec dans l’exposition « Têtes en quête de monde…fragments Houellebecq ».

David Cohen est artiste plasticien, mais aussi pédopsychiatre. La galerie XXI le représente depuis l’exposition ‘Charcot une vie en Image’ à laquelle il contribue en 2014. Le 14 mai prochain, à la Halle Saint Pierre, il nous propose un dialogue avec Houellebecq, ou plutôt sa poésie. Peintures, sculptures mais également un cahier portfolio dans lequel il vagabonde en image et calligraphie de têtes en poèmes.

Michel Houellebecq : ‘La vie ne m’intéresse pas assez pour que je puisse me passer d’écrire’. David Cohen : ‘Ce n’est pas uniquement l’œil qui regarde, c’est l’être ; on est là’. Dialogue fertile, sensible, émouvant par deux hommes, la poésie de Michel Houellebecq et les productions plastiques de David Cohen ; les mots et les œuvres.
L’expérimentation les motive, la pensée toujours en mouvement, ouverte sur un possible, en opposition à l’œuvre finie. ‘Le fini fait l’admiration des imbéciles’ écrit Cézanne à sa mère.

Michel Houellebecq et David Cohen franchissent le mur du voir aperçoivent des choses que les hommes ont oubliés et ne voient plus dans une histoire volontairement pessimiste : désenchantement, massacres, folie humaine, misère affective, solitude existentielle, errances des individus. Une approche poétique, anthropologique, sociologique, psychanalytique. Hommes révoltés Michel Houellebecq et David Cohen comme Hannah Arendt pensent que ‘Les hommes normaux ne savent pas que tout est possible’.

– Michel BLACHERE

David Cohen est un artiste plasticien et un psychiatre pour enfants et adolescents. Sa carrière artistique l’a amené à explorer plusieurs médias tels que la peinture, la sculpture et la performance. Il travaille à Paris en France et à Pietrasanta en Italie. Son ambition plastique est avant tout poétique et esthétique. Ses expositions traitent généralement de divers thèmes dans lesquels les effets de trace ou de mémoire et les questions existentielles, invariantes à la condition humaine, s’entremêlent. Il privilégie souvent la couleur et les variations (comme en musique) comme source d’inspiration constante. En plus de ses activités dans le domaine des arts visuels, David Cohen est également commissaire et membre de plusieurs comités ou fondations soutenant l’outsider art ou l’art-thérapie (Entreprendre pour aiderLes lutins de l’art; Prix de la revue Art Absolument pour l’art brut). Il a été membre du conseil des gouverneurs de la Bezalel Academy of Art and Design de Jérusalem, en Israël de 2012 à 2017.

David Cohen est aussi professeur à Sorbonne Université, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital Pitié-Salpêtrière, et membre du laboratoire Institut des Systèmes Intelligents et de Robotiques à Paris (ISIR CNRS UMR 7222, voir http://speapsl.aphp.fr). Depuis 2021, il est également membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine.

 

Anne Van der Linden

RENCONTRE / SIGNATURE

Frederika Abbate
ANNE VAN DER LINDEN
CAVALIÈRE DE LA TEMPÊTE
White Rabbit Prod, avril 2023

Dimanche 16 avril 2023 à 15 heures – entrée libre

Halle Saint Pierre – à l’auditorium

Figure majeure de la scène artistique underground, Anne Van der Linden déborde tous les cadres. Au creuset de courants picturaux de multiples provenances, allant des arts populaires et arts premiers à l’art classique, moderne et contemporain, son style puissant donne existence à un monde résolument singulier. Solide comme les corps vigoureux qu’elle peint magistralement. Fluide comme les liqueurs nombreuses qui en jaillissent, sécrétions des deux sexes, salive, sang… Ténébreux comme les pulsions primaires qui les animent. Solaire en son exubérante vitalité. Et d’évidence, monde régi par un phénomène mystérieux qui nous dépasse. Ainsi, c’est plus qu’une œuvre que construit Anne Van der Linden, c’est une entière cosmogonie. D’année en année, de dessin en peinture, de gravure en sérigraphie, livre, estampe, elle donne corps à un univers et à une quintessence où sont rendus visibles les fondamentaux mêmes de la chair et de l’esprit.

Cette monographie abondamment documentée retrace le parcours d’une artiste hors du commun, et propose une analyse vivante du processus créateur. Elle fournit une description dynamique de la scène alternative foisonnante au sein de laquelle Anne Van der Linden évolue depuis le début des années 1990.
Enfin, l’ouvrage apporte un éclairage inédit sur cette œuvre extraordinaire qui transgresse tous les codes et bafoue les interdits.

L’auteur 
Frederika Abbate est romancière, essayiste et critique d’art. Elle est l’auteur de six romans à forte teneur érotique. Chroniqueuse à la radio sur des ouvrages littéraires et philosophiques, elle écrit également des articles et des essais sur l’art, sur des artistes contemporains et autour de thématiques actuelles, comme la terreur, la violence, le transhumanisme. Ses derniers romans parus sont Les Anges de l’Histoire (2020) aux Nouvelles Éditions Place, et La Fille Sauvage (2022) aux Éditions de la Reine Rouge.

White Rabbit Prod est une maison d’édition indépendante créée fin 2017 par Nicolas Le Bault, auteur et artiste visuel, et Frederika Abbate, écrivain.
Sa démarche se situe au croisement de l’art contemporain, de la bande dessinée et de la scène graphique alternative. White Rabbit Prod publie des artistes du monde entier qui se distinguent chacun par un univers esthétique original, transgressif et sans équivalent. Des figures en marge des courants esthétiques dominants de l’art officiel subventionné, des singularités qui échappent aux critères du marché et de la politique
culturelle d’État. White Rabbit Prod défend l’art non-officiel sous toutes ses formes à travers ses livres, la revue White Rabbit Dream, à parution irrégulière, et Pool Of Tears, une collection de monographies miniatures.

Contact éditeur : nicolas.lebault@gmail.com

 

ART BRUT

 « Le Beau, l’Art Brut et le Marchand »
Jean-Pierre Ritsch-Fisch, le passeur du jamais-vu
Laurent Fassin
Editions L’Atelier Contemporain

Rencontre avec Laurent Fassin et Jean-Pierre Ritsch-Fisch
Lectures par Alain Gueneau

Samedi 25 février 2023, à 15 heures – entrée libre
Réservation conseillée : 01 42 58 72 89

Au milieu des années 1990, Jean-Pierre Ritsch-Fisch a abandonné l’entreprise familiale de fourrure, pour fonder à Strasbourg une galerie consacrée à ce que Jean Dubuffet appela l’Art Brut. Un retour à ses amours d’adolescence : le monde de l’art et ses sensations fortes, s’impose à lui. Débutant à la manière d’un conte, s’apparentant ensuite, tantôt à un roman d’aventures, tantôt à une enquête, Le Beau, L’Art Brut et le Marchand relate ce périple singulier.

LE LIVRE

Un océan sépare beauté esthétique et originalité absolue. Surgi des profondeurs, le jamais-vu est associé à des formes troublantes qui ébranlent nos certitudes. De l’ordre de l’appa­rition, cet inconnu traduit une altérité sans égale. 

À mesure que la société industrielle s’étendait en Europe, les productions d’aliénés, de détenus, d’autodidactes isolés ou de spirites retinrent peu à peu l’attention de diplômés de la Faculté, auxquels se joignirent quelques fins traducteurs de l’âme humaine, artistes et poètes. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le plasticien Jean Dubuffet ap­pela « Art Brut » ces floraisons détonantes. La collection qu’il constitua visait à les soustraire à un monde culturel mimé­tique, ainsi qu’au marché de l’art. 

Depuis, l’Art Brut a essaimé sur tous les continents. Nombre de pièces remarquables ont intégré collections publiques et privées ; elles sont aussi présentées dans de grands salons in­ternationaux. Plusieurs galeries en Europe et aux États-Unis en ont fait leur spécialité. 

C’est à Strasbourg, à l’intersection des routes, là où La Nef des fous trouva un port d’attache, que l’une d’entre elles a vu le jour. Au milieu des années 1990, Jean-Pierre Ritsch-Fisch, son fon­dateur, a été conduit à fermer l’entreprise familiale de fourrure. Un retour à ses amours d’adolescence : le monde de l’art et ses sensations fortes, s’impose à lui. Commence alors sa quête de l’impossible : dénicher des œuvres d’originaux, de marginaux ou encore de figures historiques de l’Art Brut. 

Débutant à la manière d’un conte, s’apparentant ensuite, tan­tôt à un roman d’aventures, tantôt à une enquête, Le Beau, l’Art Brut et le Marchand relate ce périple singulier.

Disponible à la librairie e la Halle Saint Pierre – Prix 25 €

Date de publication : 21 octobre 2022
Format : 16 x 20 cm
Poids : 620 gr.
Nombre de pages : 400
 
Ouvrage publié avec le concours de la Fondation Antoine de Galbert.

L’AUTEUR

C’est à la fin des années 1970, au contact d’ateliers d’expression pour handicapés mentaux, que Laurent Fassin a découvert l’art brut et autodidacte. Par la suite, Michel Nedjar, dont avec des amis il publie des dessins dans la revue La Vie Exactement (1984-1988), l’oriente vers L’Aracine, le musée d’art brut à Neuilly-sur-Marne. En 2002, à Strasbourg, la galerie Jean-Pierre Ritsch-Fisch qui expose des œuvres récentes de Rosemarie Koczy va favoriser plusieurs échanges avec l’artiste. À compter de 2018, un dialogue régulier et nourri s’engagera avec le galeriste, à l’origine du livre Le Beau, l’Art Brut et le Marchand.
Après avoir donné À l’orée de forêts profondes (récit préfacé par Lionel Bourg, photographies de Serge Lapaz, Cognac, éditions Le Temps qu’il fait, 1987), Laurent Fassin a fondé la revue Légendes (1988-1999). Plusieurs de ses textes ont paru en revues (Théodore BalmoralConférenceCahiers Bernard LazareLa Cause littéraire, etc.). Depuis La Maison l’île, un recueil de poèmes rehaussés d’encres de Chine d’Elisabeth Macé (éditions Conférence, 2017), Laurent Fassin se consacre entièrement à l’écriture et à la peinture.