Blandine Ponet

Rencontre / Signature
A l’occasion de la parution du livre de 
Blandine Ponet
Guillaume Pujolle — La peinture, un lieu d’être

Editions L’atelier Contemporain, 19 janvier 2024
François-Marie Deyrolle

Dimanche 24 mars 2024 à 15 heures – entrée libre
Réservation recommandée : 01 42 58 72 89

Le livre

Sur les traces de Guillaume Pujolle, Blandine Ponet nous fait découvrir un singulier personnage, qui fut menuisier, douanier, peintre, et fut interné une partie de sa vie à l’asile de Braqueville, à Toulouse. Ce lieu, devenu l’hôpital Gérard Marchant, où Blandine Ponet elle-même a travaillé comme infirmière, est au commencement du récit. En partant de là, elle déroule la complexe destinée de l’artiste, en convoquant au gré de ses découvertes l’histoire de la psychiatrie, du surréalisme, de l’Art Brut ou des deux guerres mondiales. Manière, dit-elle, de lutter contre « l’oubli, l’immobilisme, l’absence d’histoire, l’ordre et la routine ».

L’histoire de Guillaume Pujolle secoue cette torpeur. Chez lui, une force secrète semble résister étrangement aux logiques de destruction intérieures et extérieures. Face à la violence des combats de la première guerre mondiale, qui « provoque des blessures inconnues jusqu’alors », charnelles et mentales, comme face aux assauts de la maladie, la peinture devient un lieu d’être. « Lieu d’être qu’il s’agit de construire-reconstruire parce qu’on en a été exilé à la fois par la guerre et par la maladie qui s’est déclenchée quelques années plus tard. Un double exil. Pour répondre à cette expulsion de soi-même, cette mise hors de soi – dont il ne faut pas oublier qu’elle est la conséquence de ce qui était exigé des soldats au front sous peine de condamnation à mort –, c’est une réponse concrète qu’il faut fabriquer. Opposer quelque chose à l’effondrement du monde. » Ce quelque chose, ce sera la peinture.

L’artiste

Guillaume Pujolle, né en 1893 à Saint-Gaudens et mort en 1971 à Toulouse, fut menuisier, douanier, mais aussi peintre. Après avoir travaillé comme ébéniste dans l’atelier de son père, il s’engagea comme soldat en 1913, et traversa la Grande Guerre aux premières lignes. À partir de 1926, il fut interné une grande partie de sa vie à l’asile de Braqueville, à Toulouse.

Il commence à peindre en 1935 avec des outils qu’il fabrique lui-même et des couleurs tirées de produits pharmaceutiques : teinture d’iode, bleu de méthylène, mercurochrome. Au sein de l’asile, il troquait parfois ses peintures contre un paquet de tabac. En 1948, Jean Dequeker, alors interne de Gaston Ferdière à l’hôpital de Rodez, consacre une thèse de médecine à son cas, et à ses dessins. À cette époque, sa renommée s’étend aussi dans les milieux du surréalisme et de l’Art Brut. Ses œuvres se trouvent aujourd’hui dans les Collections de l’Art brut à Lausanne, du LaM à Lille et au Musée de l’Hôpital Sainte-Anne à Paris.

L’auteure

Blandine Ponet est infirmière en psychiatrie à Toulouse, titulaire d’un DESS de psychopathologie clinique. Elle anime des ateliers de lecture de poésie, participe au Collectif Rencontres qui organise les Rencontres de Psychothérapie institutionnelle de Saint-Alban, et est membre du comité de rédaction de la revue Empan.

Aux éditions Érès, elle a publié plusieurs livres entremêlant questions thérapeutiques et esthétiques : L’ordinaire de la folie. Une infirmière engagée en psychiatrie (2006) ; puis Folie, leçon de choses. Journal d’une infirmière en psychiatrie (2011) et Les fracassés de vivre. Tentative pour une poétique de la folie (2014). Elle fait partie, comme dirait Emmanuel Venet, de « tous ceux que la folie d’autrui empoigne assez aux tripes pour qu’ils en refusent le scandale ou la fatalité ».