«Le colis piégé / Grosse victime magazine» sera exposé à la librairie
Avec les œuvres d’Ai Komoto, Antoine Paris, Pierre Gregori, Burnex, Etienne Boissier
Du 17 mai 2025 jusqu’au 5 juin

Une nouvelle race d’artistes sort de son cachot de brindilles pourries, ils viennent peut-être d’une province perdue, les cheveux sales, les dents jaunes, les yeux rouges. Roulés dans un vieux drap, leurs œuvres chéries, une brosse à dent et un faux passeport parisien acheté à des passeurs sans scrupules.
Éraflés par les clôtures les voici après 4 nuits blanches à l’aube d’une nouvelle révolution prêts à engloutir ton petit-déjeuner. Prennent-ils des drogues ? Les pires. Les nasaux full de térébenthine coupée à l’ocre Cadmium, ils s’empressent d’aller lécher les vieux Van Gogh à Orsay, téter les seins des vieilles statues. Ils resquillent au Louvre, se glissent dans les corridors de l’Egypte antique, de la Grèce et de Rome, se vautrent dans les Delacroix comme on dort dans un caniveau au petit matin. Ils se lèvent comme le soleil, la bave aux lèvres, et le monde attend, fébrile et curieux, leurs nouvelles révélations picturales sous les aisselles puantes et bienveillantes des usagers des transports souterrains.
L’obscure Maison d’édition qui publie leurs travaux : Maldoror bled. Comme si le Comte passait ses journées devant les bouches de métro à vendre des petit paquets pleins de goudron. Puis maintenant, le Colis piégé !
C’est la Noël ! Il y a eu les Dada, les surréalistes, la Figuration libre, et eux ! Des bordéliques, des mal rasés, mi-shlags mi-bobos, toujours aussi maudits. Ils roulent comme des boules de billards de librairies en galeries, se refusant à trop lécher des couilles qu’une dextérité scolaire rendrait chaque jour un peu plus douces. Vendre deux fanzines dans ce lieux éminent, trois autres lâchés gratos à un journaliste et à deux stagiaires de galeristes influents. Ils barbotent dans le crachat d’une société qui les néglige. Mais ils ont un plan. Un plan au-delà des routinières cascades où ils se pètent les dents. L’eau des ruisseaux a pris des renseignements en passant dans le corps des loups, il y a eu des leaks de larmes de crocodiles. Le vent chargé de nutriments leur fournit également en cachette quelques rimes venus de la zone libre. Ils sont un bouillonnement qui marmonne seul dans la rue, une locomotive qui a déraillé pour
rejoindre le bayou, des maquisards de la folie dans les hangars squattés. Leur processus de création : le Bordélisme. Ils créent des planches qui n’ont pas de sens, des tableaux qui les regardent de haut. Ils ne comprennent pas ce qu’ils font, préfèrent ne pas comprendre. Ils n’ont pas de messages à faire passer, ne cherchent pas à s’exprimer par la voie de l’art, n’ont pas de discours sophistiqué pour cacher le vide
dans le frigo des idées mortes. Ils suivent un chemin balisé par un cortège d’éléphants qui semblent aller vers l’inéluctable. Ils comprennent un alphabet délirant, une logique qui titube, s’accrochant aux murs de briques des vieilles cités ouvrières. Pour être honnête, ils font n’importe quoi, mais, ô miracle, des traces de pas : les traces de Joyce et de son Ulysse, l’Odyssée de la Machine molle, les croûtons semés par les artistes les plus fous. Ils déchiffrent la rosette à la cantine, pendant que le grand Fumeur de havanes leur jette des mégots. Sous le sol qui tremble, dans les nuages ou les carreaux fantaisie de la salle de bain, l’imagination gronde et passe sa bite à travers les barreaux pour pisser un coup. De la pisse d’or et de rubis, une golden shower que les agents du Bordélisme boivent au robinet. Leur devise, inscrite en lettres de boue sur un vieux bunker de Normandie : « Toi qui entre ici, craque une allumette
pour y voir plus clair, puis fous le feu ». Comme un Chaplin dans le grand froid, ils se partagent des tranches de semelles qu’ils arrosent de grandes chopes d’eau plate. Pirates embarqués sur un bateau ivre, ils doivent garder leurs yeux ultra-sensibles braqués sur les potentielles nouvelles Amériques. Ce qu’ils découvrent est au-delà de leurs espérances : un El Dorado de coton-tiges sales, de vieux tampax et d’excréments; des draps souillés, des bris de verre… Voilà leur fortune faite ! Un nouveau mouvement
pourra-t-il naître avant que les bombes aérosol n’aient fini de creuser l’ozone pour laisser passer les hordes de démons ? Nous n’en savons que trop walou. Alors célébrons cette ultime clique unijambiste, avec leurs perroquets qui parlent comme des charretiers et leur trésor de détritus. Après tout, peut-être que ça se mange ?
Dernière publication : Le carnet de l’Armée de Robert Combas, Grosse victime magazine Obsèques sexy…
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