Georges Bataille

RENCONTRE / DEBAT

Georges BATAILLE
et la société d’aujourd’hui

Un regard critique sur la gestion avec l’œil de
Georges Bataille
: une composition d’art brut ?

Avec
François De March, Jean-Paul Dumond, Catherine Millet,
Christine Noël-Lemaitre, François L’Yvonnet, Andreu Solé, Eric Gautier,
Eleonora Montagner et Jean-François Chanlat. 

Les auteurs et contributeurs viendront vous présenter l’ouvrage et parler
avec vous de ce qu’ils ont cherché à faire.

Dimanche 3 décembre de 14h à 17h – entrée libre

Halle Saint Pierre – à l’auditorium
Réservation indispensable : 01 42 58 72 89


LA RENCONTRE
 

GEORGES BATAILLE (1897-1962) s’est engagé dans les années 30 dans des mouvements révolutionnaires, puis dans une critique sociale et anthropologique, parfois radicale, de la société industrielle. Quelle est la portée de sa voix dans un  monde, dit post-industriel ?

Georges Bataille permet de revisiter les fondements marchands de la société contemporaine (et de l’érotisme), les responsabilités que se donnent et que peuvent avoir les entreprises, les rapports de travail dont les suicides ne sont pas absents et les utopies qu’il est possible de fonder. Bataille retourne les lieux communs et ouvre à de nouvelles lectures.

Après une mise en perspective de Georges Bataille avec Kojève, Simone Weil et Baudrillard (François L’Yvonnet) il sera souligné la contribution de Bataille à une anthropologie élargie éclairant le monde contemporain (Jean-François Chanlat). Dans un second temps, il sera proposé plusieurs perspectives sociétales sur l’art et l’érotisme (Catherine Millet ; Christine Noël-Lemaitre), sur le fonctionnement des entreprises (Eleonora Montagner ; Eric Gautier) et sur l’organisation économique et politique de la société (Andreu Solé).

Les débats seront introduits et animés par les auteurs-coordinateurs du livre “Un regard sur la critique avec l’oeil de Georges Bataille” (François De March ; Jean-Paul Dumond). Un temps à la fin permettra à celles et ceux qui le souhaitent d’avoir une dédicace de l’ouvrage et/ou de dialoguer avec les auteurs présents.

Il est demandé de vous inscrire à la manifestation au : 01 42 58 72 89 (inscription gratuite).

LE LIVRE

Cet ouvrage fait suite au premier colloque interdisciplinaire consacré à la pensée de Georges Bataille comme fondement d’une critique des sciences de gestion. 60 ans après sa mort, alors que beaucoup d’auteurs de la « French Theory » qu’il a influencés sont sollicités dans cette discipline pour la critiquer, du moins dans plusieurs pays anglophones, Bataille y est peu mobilisé et en France jamais.

Ce livre ne vise pas qu’à répondre à ce paradoxe. En illustrant la «valeur d’usage» du regard de Bataille sur de nombreuses situations vécues par nos contemporains, il est un appel à recourir plus largement à sa pensée dans l’ensemble des sciences humaines et sociales. Après un rappel de Bataille écrivain, familier de la psychanalyse, son œuvre est positionnée au regard de plusieurs auteurs dont Alexandre Kojève, Jean Baudrillard et Simone Weil. Sa portée critique est, ensuite, déclinée en trois grands thèmes. Le premier est la critique anthropologique et épistémologique que peut nourrir Bataille. Le deuxième porte sur le travail, ses conditions d’effectuation et certaines activités sociales, comme la rencontre sexuelle ou amoureuse. La dernière critique s’adresse aux outils de gestion et à leur emprise sur la vie quotidienne des salariés. 

Se nourrissant de philosophie, d’histoire, d’anthropologie, d’économie, d’analyses gestionnaires, mais aussi de critiques artistiques et littéraires, cet ouvrage invite chacun, universitaire ou citoyen, à porter un regard bataillien, c’est-à-dire décalé, transperçant, ironique et vivant sur la réalité qui est la nôtre.

Dirigé par François De March, chercheur associé à l’Institut de Recherche en Gestion de l’Université Paris-Est Créteil et Jean-Paul Dumond, Professeur des Universités, Institut de Recherche en Gestion de l’Université Paris-Est Créteil. Cet ouvrage comprend les contributions de Laurent Bibard, Jean-François Chanlat, François De March, Jean-Paul Dumond, Ilaria Fornacciari, Emmanuel Gabellieri, Marina Galletti, Eric Gautier, François L’Yvonnet, Catherine Millet, Cédric Mong-Hy, Eleonora Montagner, Christine Noël-Lemaitre, Frédéric Porcher, Alf Rehn, Michèle Richman, Elisabeth Roudinesco, Andreu Solé et Christian Walter.

Un regard critique sur la gestion avec l’œil de Georges Bataille :
une composition d’art brut ?

En août 2016, la revue Artpress publiait un trimestriel sous le titre « Valeur d’usage de Georges Bataille ». Jacques Henric s’interrogeait dans l’introduction sur l’«Usage de Bataille pour comprendre le tragique de notre époque».

Notre ouvrage ne prétend pas répondre à l’entièreté de cette interrogation mais il ne vise pas non plus à renouveler ce qui a été déjà fait cent fois, à savoir commémorer, commenter, voire idolâtrer Bataille.

Plus modestement, mais aussi de façon plus novatrice, il essaye de penser des situations contemporaines relevant des sciences de gestion et plus largement des sciences sociales en prenant le parti de l’envers de la normalité et en recourant aux notions batailliennes : la référence à « acéphale » pour conjurer la malédiction du travail et appeler au retour des pirates,  le sacrifice et la souveraineté pour rendre compte des suicides au travail, l’érotisme pour critiquer les sites de rencontre, la dépense improductive pour remettre en cause la comptabilité, l’ « économie générale » pour la critique des théories dominantes de l’innovation, le jeu bataillien contre les théories mathématiques du jeu, le « capitalisme mûr » pour éclairer les zones d’ombres de la « responsabilité sociale des entreprises », le non-savoir comme contrepoint des épistémologies à l’œuvre en gestion et en sciences sociales. La portée anthropologique de la pensée de Bataille est mise en évidence à travers la notion d’interruption d’un côté et celle de pluridisciplinarité de l’autre sans oublier l’exigence d’une libération de la « cage » économique. Et bien sûr, Bataille est confronté à certains de ses contemporains (Kojève, Simone Weil) et à ses critiques (Baudrillard) après avoir rappelé ses liens avec l’art et la psychanalyse.

L’ouvrage, tout en étant très unifié, apparaît aussi comme un fourre-tout fait de bric et de broc d’où surgissent l’originel, l’impossible, l’hétérologie, le disloqué, le gouffre …et qui ressemble à une composition d’art brut. Il n’est pas sans rappeler les articles iconoclastes de Bataille dans la revue Documents.