RENCONTRE / DEDICACE
Alain Nahum – photographies
LIEN ROUGE ● Akai Ito
Editions L’œil de la femme à Barbe
Samedi 13 mai 2023, à partir de 15 heures
Halle Saint Pierre – à la librairie
« Alain le petit mot que m’inspire ton très beau livre. »
Akai Ito : O Key Bravo
Le lien qui circule désormais entre tes personnages chiffonnés est plus qu’un fil rouge qui les relie gracieusement et astucieusement. Il leur donne un élan littéralement incroyable. Il leur permet de sortir de l’immobilité, stoppés qu’ils étaient par l’arrêt photographique de leur existence (car on voyait bien qu’ils ne posaient pas, qu’ils étaient saisis en pleine action) : sur ces écrans noirs du livre, ils bougent vraiment ; Rendus à leur existence ? Oui, car ils paraissent alors pour ce qu’ils sont : des morts qui reprendraient vie sous nos yeux. Des éternels qui se déplacent en petits groupes, ou exécutent des figures libres en solitaires ou des pas de deux chorégraphiques et acrobatiques. Ces personnages- chiffons sont ravivés, à la manière des papiers porteurs d’ombres des installations de Boltanski.
Plus encore : le livre fait aussi entendre leurs voix On est vraiment au cinéma et il y a du son ! Akai Ito enclenche le bouton “go” de nos cerveaux et les souvenirs et les visions se bousculent, comme dans une salle obscure. On ne sait pas exactement ce qu’ils se disent ces êtres étranges aux faces hideuses ou drôles façon gargouilles et statues grecques, ce qu’ils chuchotent ou maugréent ou se hurlent. Mais grâce aux bandeaux rouges du frère Ikezawa Natsuki, ils sont dotés désormais de la parole et on peut deviner ce qu’ils se disent. Ils philosophent les bougres, comme à un banquet initié par Platon, où toutes les facéties seraient permises. Car ces chiffonniers des trottoirs parisiens ou d’ailleurs ne connaissent pas de limites dans leurs propos ni dans leurs actions. On les imagine facilement bunueliens. Si fantômes il y a ce sont des fantômes de la liberté. Ils se déplacent et avancent avec une joie sereine et lucide, ils ont l’éternité devant eux.
- Serge Le Péron
Alain NAHUM
Il suit des études de réalisateur et d’opérateur de prise de vue à l’IDHEC (Institut des Hautes Études Cinématographiques) et obtient parallèlement une maîtrise de philo.
De 1973 à 1978, il est membre du collectif de cinéma politique Cinélutte qui réalise entre autre le film « Bonne Chance La France » (1974). Il travaille comme assistant réalisateur (Denis de la Patellière, Gilles Grangier, Henri Colpi, David Hamilton…) et devient réalisateur pour la télévision, avec d’abord des magazines de cinéma puis des contes en vidéo-trucages, des séries de fictions et le cinéma avec par exemple Des Gens qui passent en 2009, adapté de l’œuvre de Patrick Modiano et primé à Cannes. En 2014, il réalise trois films sur la photographie pour la nouvelle collection « Photo » d’Arte.
En parallèle de la réalisation, Alain Nahum est dessinateur et photographe. Photographe urbain et archéologue du présent, il saisit des bribes d’histoires humaines qui racontent notre monde, souvent à notre insu… A partir des années 2000, il expose plusieurs fois par an : Galerie La Hune, Musée de la Halle Saint Pierre, Centre Pompidou, Galerie Marie Vitoux…
« Nahum nous prend sans cesse au dépourvu, archéologue du présent il témoigne, là où il y a de l’homme, il y a de l’humain. Les couleurs sépia et les fonds ocres évoquent les murs chaulés auxquels les fresquistes du quattrocento appliquaient leurs synopsies. Les techniques ont bougé, le geste demeure. »
- Jean Klépal